Peut-on ressentir autre chose que de la pitié et de la rage devant
les images et les récits des massacres du Timor oriental?
La morale, le devoir d'ingérence, la lutte contre la barbarie, invoqués il n'y a pas si longtemps au Kosovo, ont laissé la place à des raisonnements géopolitiques empreints de la Realpolitik. Au Rwanda aussi, en 1994, au moment où commençait le génocide, l'ONU retirait ses maigres effectifs. Alors que quelques milliers de Casques bleus disposant d'un mandat clair auraient empêché la tragédie. Le désintérêt des grandes puissances, notamment des Etats-Unis, paralysa le Conseil de sécurité, qui mit plus de deux mois à réagir, abandonnant à leur épouvantable sort des centaines de milliers de Rwandais. On apprit même plus tard que l'ONU avait eu connaissance quelques mois auparavant d'informations quant à un plan de massacre!
Le cauchemar se répète. En organisant un référendum au Timor oriental, avec l'accord de l'Indonésie, l'ONU a donné confiance et courage aux habitants de ce petit pays. Et soudain, les voici abandonnés à leurs tortionnaires, parce que le Conseil de sécurité, à nouveau paralysé, retire sa mission (l'Unamet), alors même qu'il faudrait une force d'interposition internationale pour rétablir la paix et faire respecter le résultat du référendum. On vient aussi d'apprendre que les Nations unies étaient au courant depuis le 1er août d'un plan indonésien pour faire régner la terreur. Etrange et sinistre similitude" L'argument qui consiste à justifi