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Libération

Cinq mois pour avaler le groupe de Jaffré. Elf n'a pas su prendre la mesure de la menace.

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publié le 14 septembre 1999 à 0h41

Le 5 juillet dernier, à la minute même où TotalFina a annoncé son

offre sur Elf, la partie était déjà gagnée. «Dans ce genre d'affaire, c'est le premier qui tire qui l'emporte», note un habitué des OPA. Pour se défendre, Elf a eu beau avoir employé pas moins de cinq banques-conseils (1) et cinq agences de communication (un record), rien n'y a fait.

TotalFina ne s'est pas lancé dans cette opération sur un coup de tête. Dès le mois d'avril, Credit Suisse First Boston, la banque qui s'était occupée du rapprochement entre Total et Petrofina était chargée de conseiller le PDG de Total, Thierry Desmarest, dans ses futures acquisitions. Au cours du printemps, des émissaires de Total sont allés frapper à la porte du président d'Elf, Philippe Jaffré, pour discuter. Ils ont trouvé porte close. Fusion. Dans le même temps, chez Paribas, on flaire le bon coup. Paribas a déjà travaillé sur le pétrole en tant que banque-conseil de Petrofina. Fin mai, les équipes de Thierry Varène présentent un projet de fusion Total-Elf à Thierry Desmarest, dans lequel elles arrivent aux mêmes conclusions que Crédit Suisse First Boston. Fin juin, Total demande aux deux banques de peaufiner l'attaque de concert.

Le 4 juillet, Thierry Desmarest n'a aucun mal à convaincre son conseil d'administration. Il est persuadé que s'il ne passe pas à l'action rapidement, c'est Elf qui avalera Total. Le 5 juillet au matin, Desmarest cherche à joindre Philippe Jaffré, introuvable jusqu'à 11 heures. Il laisse un message