Réconciliation! C'est un beau mot et on comprendra que les
Algériens, blessés, traumatisés, mutilés par des années de guerre civile, l'aient plébiscité hier en même temps que leur Président, mal élu il y a peu. Au plus profond de la désespérance, au plus noir du tunnel, on ne peut ignorer le moindre rai de lumière. D'autant plus qu'Abdelaziz Bouteflika a enrobé son sésame d'un franc parler inhabituel au pays de la langue de bois, dénonçant comme à guignol la corruption, le népotisme, la violence et l'incompétence d'une nomenklatura dont il est issu. D'un coup, la plupart des tabous d'un régime figé dans le marbre de son hypocrisie depuis plus de trente ans sont tombés, y compris l'interdiction pour un chef de l'Etat algérien de s'exprimer en français, «la langue du colonisateur». Un vrai jeu de massacre, pour la plus grande joie des spectateurs, c'est-à-dire des Algériens, qui n'en croient pas leurs oreilles.
Mais demain? Les promesses du spectacle vont-elles se concrétiser? C'est bien sûr la grande inconnue. Seule certitude: Abdelaziz Bouteflika, qui ne passe pas pour un dévot de la démocratie parlementaire, sera plus fort qu'hier, aussi bien en Algérie qu'à l'extérieur du pays, où les chancelleries ont suivi avec satisfaction sa prestation, tout en s'interrogeant sur pas mal d'autres déclarations contradictoires, souvent faites en arabe" Le président algérien voudra-t-il (ou pourra-t-il) se transformer en «monsieur Propre»? Se faire applaudir au son de «Tous pourris!» est u