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Libération
Interview

François Dubet professeur de sociologie à Bordeaux-II. «Les lycéens savent que leurs mobilisations sont souvent efficaces».

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publié le 30 septembre 1999 à 0h56

François Dubet est professeur de sociologie à l'université

Bordeaux-II. Il commente les manifestations de ces derniers jours.

Les toutes premières manifestations ont rassemblé des élèves d'établissements professionnels de Tarbes. Comparée aux précédentes, cette mobilisation touche un nombre plus important de lycées professionnels" Il s'agit là d'une évolution qui remonte aux grandes manifestations de 1986. On constate que les élèves scolarisés dans la «périphérie» du système jouent un rôle croissant dans les mouvements lycéens. On l'a vu dès 1990, et plus encore l'an dernier. Le même phénomène touche d'ailleurs les étudiants: les manifestations étudiantes ne partent plus de la Sorbonne mais des nouvelles facultés de province. Les élèves des lycées professionnels sont ceux qui ont le plus de raisons de s'angoisser pour leur avenir (1). Ils font au lycée une expérience douloureuse qu'ils peinent à traduire autrement qu'en termes d'objectifs revendicatifs. C'est pourquoi ils manifestent pour «de meilleures conditions de travail». Cela dit, ils ont une demande trop difficile à formuler. Ils s'interrogent sur l'utilité de leurs études. Ils se sentent relégués à la marge du système éducatif. On a affaire à des élèves âgés, souvent majeurs. Ils ne veulent plus être traités comme des gamins. C'est aussi ce qu'expriment ceux qui font grève parce qu'on n'a pas remplacé un professeur d'atelier.

Le professeur non remplacé est d'ailleurs l'un des principaux motifs de grève, y compris dans