Dans la poursuite de l'application de son vaste programme
social-libéral (appelons la politique jospinienne par son nom), le gouvernement doit manier avec délicatesse le symbole des stock-options. Il lui faut casser un système qui, en France, confine à la caricature, pour le convertir en un dispositif aux vertus simples: permettre au plus grand nombre de salariés de détenir une partie de leur entreprise; permettre à ladite entreprise de préserver sa matière grise avec une rémunération complémentaire proportionnelle à ses performances. Il faut trois conditions pour que cela fonctionne: un, que l'attribution des plus gros paquets de stock-options s'effectue dans la transparence; deux, qu'une part raisonnable du capital de l'entreprise y soit consacrée; et trois, que les bénéficiaires soient les plus nombreux possible. Par rapport à ce schéma, la France a su en développer quelques travers. Chez nous, l'attribution des stock-options a de quoi révolter n'importe quel salarié sensé. Les cent ou deux cents élus d'entreprises comme L'Oréal, Canal + ou Promodès ne reflètent pas un actionnariat participatif, mais bien un système fait par des patrons pour des patrons. Plus grave, ce partage du gâteau s'effectue dans d'obscurs «comités de rémunération», au sein des conseils d'administration, autant dire dans la plus totale opacité. Le cas de Philippe Jaffré est exemplaire d'un système où l'on veut des noyaux durs à la française et des rémunérations de patrons américains. Avant d'être