L'atome n'a plus la cote, et le lobby nucléaire français lui-même
est en train de s'en rendre compte. Entre la décision allemande de sortir du nucléaire, l'ouverture du marché français de l'électricité à la concurrence et le changement de générations à la tête des principales entreprises concernées, c'est tout un monde qui est en train de basculer dans l'Hexagone. Alors que le nucléaire était, jusqu'à une date récente encore, l'objet d'un consensus sans faille en France, aujourd'hui son maintien pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Politiques, industriels, économistes doutent. Certains, même, n'y croient plus. «Le nucléaire sera la sidérurgie du début du siècle prochain», nous affirmait récemment un expert.
Bombe potentielle. Le meilleur exemple en est le flottement qui entoure l'avenir du programme EPR, ce réacteur nucléaire du futur que concoctent amoureusement le français Framatome et l'allemand Siemens depuis plusieurs années. Moins de deux mois après que les Verts avaient publiquement menacé de quitter le gouvernement Jospin si celui-ci passait commande de l'EPR et alors qu'une grande manifestation est prévue sur ce thème le mois prochain par les troupes de Dominique Voynet, les industriels concernés par ce prototype de 20 à 25 milliards de francs se sont employés hier à désamorcer cette bombe potentielle. «Ce débat a été inutilement dramatisé" Les décisions politiques à prendre sur ce programme sont très lointaines, aux alentours de 2003-2004», a affirmé h