Paris est dirigée depuis quelques années par un clochemerlesque duo
matrimonial dont l'exhibitionnisme pathétique ferait rougir une sous-préfecture. Passe que, dans ce couple à la Dubout, le mari officiellement élu cède le pas à son encombrante moitié, encore qu'on puisse s'interroger sur ce qui autorise Xavière à être un personnage public de droit privé. Car, de fait, ce qui inquiète, c'est moins les ridicules des Tiberi que les conditions qui leur ont permis de s'épanouir. Que les juges retiennent ou non la culpabilité de Xavière Tiberi dans l'affaire qui les occupe à partir de ce matin, il faut bien reconnaître qu'elle ne relève pas du grand banditisme. C'est bien plutôt la tranquillité d'âme avec laquelle l'accusée assume les faits qui lui sont reprochés qui est étrange, comme si elle était si bien bardée d'une sorte d'impunité a priori, qu'elle avait fini par s'en auto-intoxiquer. Cela montre qu'elle vivait dans un monde où il était normal de se faire payer des centaines de milliers de francs quelques feuillets hâtivement expédiés. Simple peccadille en regard d'autres affaires en cours d'examen judiciaire, mais qui résume tout un climat. Dès qu'on soulève un pan du passé municipal de Paris, on aperçoit tout un étrange monde qui grouille dans l'obscurité. Petits arrangements de grande conséquence: cette étrange machine en forme de machination a servi de tremplin présidentiel à Chirac. C'est là le vrai problème, et personne ne l'ignore.
Mais la subtile urbanité de la coh