Une hyperpuissance irresponsable: c'est sous ce jour qu'apparaissent
désormais les Etats-Unis sur la scène internationale. Des Etats-Unis tirés à hue et à dia au gré d'une coexistence même pas pacifique entre un président démocrate discrédité par ses mensonges et une majorité républicaine au Sénat plus préoccupée de vendetta politicienne que de ses responsabilités constitutionnelles. Le rejet, la semaine dernière par le Sénat, du traité interdisant les essais nucléaires a mis à nu un désastre que l'on pouvait prévoir depuis le peu glorieux épilogue de l'affaire Lewinsky: Bill Clinton n'est pas seulement le canard boiteux que devient tout président américain en fin d'un deuxième mandat. Même sortant, il est encore pour ses adversaires politiques l'homme à humilier, à discréditer, à déconsidérer. C'est ce qu'ont finalement réussi à accomplir la poignée de sénateurs ultraconservateurs (et isolationnistes) qui n'étaient pas parvenus en janvier dernier à convaincre tous leurs collègues de voter sa destitution.
Le résultat de ce «succès» est catastrophique: les Etats-Unis ont à leur tête jusqu'en janvier 2001 un homme dont la signature ne fait pas foi, y compris lorsqu'elle a été apposée sur un traité concernant le désarmement nucléaire. C'est une rupture radicale avec la doctrine en vigueur depuis Eisenhower et qui voulait que toutes les décisions majeures concernant l'arme suprême ou ses limitations fassent l'objet d'un consensus entre démocrates et républicains. A condition, bie