Vérité en deçà des Pyrénées, erreur de l'autre côté du Channel? Les
disputes autour de la vache folle (ou du boeuf hormonal ou du poulet dioxinisé) mélangent facilement arguments scientifiques et arrière-pensées commerciales. Et c'est fort regrettable: les rumeurs et les paranoïas champignonnent déjà suffisamment sans qu'il soit besoin d'en rajouter. Or il faut bien constater que si l'Europe a la fièvre, elle manque de thermomètre pour le vérifier. Il est tout de même étonnant que, dans une affaire qui dure depuis des années et qui jette le trouble entre plusieurs membres de l'Union, cette dernière n'ait rien de particulier à faire valoir et qu'elle refile le bébé à un vague comité d'experts qui se réunit quand il y pense et après la bataille.
L'UE, aux réglementations souvent tatillonnes, sera d'autant mieux acceptée et reconnue qu'elle saura se situer au-dessus de la mêlée. Diverses juridictions ont montré que cela était possible sans commettre d'abus à l'égard des droits de tel ou tel membre. Rien n'empêche qu'un organisme acquière en matière de sécurité alimentaire, ou médicale ou environnementale la même réputation d'objectivité et d'indépendance à l'égard des intérêts nationaux que la Cour de justice a su se gagner. De toutes les administrations qui font tenir ensemble le pot-pourri américain, la Food and Drug Administration n'est pas le moindre. Pour son bien, l'Europe a besoin de s'inventer un équivalent de celle-ci.
Les nourritures ne sont pas des marchandises tou