Dans un pays où le moindre rassemblement de plus de trois lycéens
sur la voie publique donne lieu à vigilance policière et où les RG peuvent surveiller en toute impunité les partis, les syndicats et les journaux, qu'on ne vienne pas nous dire que le ministère de l'Intérieur n'était pas en mesure de se tenir au courant de tous les déplacements d'un Maurice Papon présumé réfractaire à exécuter la peine de prison qui l'attendait.
Dans un pays où le moindre soupçon d'un magistrat instructeur peut entraîner, d'une signature, des mesures privatives de liberté ou au moins un contrôle judiciaire, qu'on ne vienne pas nous raconter que la justice n'était pas à même de tenir à sa disposition un Maurice Papon condamné à dix ans de réclusion criminelle pour «complicité de crime contre l'humanité» et en instance de pourvoi en cassation.
Il y aurait eu «voie de fait», nous assure-t-on, si on l'avait empêché de franchir une frontière. Soit. Mais espérons qu'on n'ira pas nous dénicher une subtilité juridique quelconque pour expliquer qu'il ne revienne pas. Ou alors il faudrait croire que ce procès Papon, arraché de haute lutte par les victimes des rafles commises sous l'autorité de l'ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde, continue de susciter une résistance sourde, si l'on peut dire, dans certains rouages de l'appareil d'Etat.
Nombreux sont ceux qui se seraient ainsi contentés d'un procès pour mémoire, une sorte de pédagogie de l'Histoire afin de vider les ultimes recoins de