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Libération
Éditorial

Devoir d'enquête.

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publié le 22 octobre 1999 à 1h18

Autant le savoir: Papon est prêt à se soumettre à la justice de son

pays. Réjouissons-nous de la bonne nouvelle qui confirme que l'ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde a bien le sens de l'Etat. C'est son ami et complice de cavale, Hubert de Beaufort, qui se porte garant d'aussi nobles intentions. Les voleurs de pommes, de «mob» ou de CD et même les patrons un peu portés sur l'abus de biens sociaux, pourvu qu'ils aient la tripe républicaine, ne trouveront rien à redire à de tels engagements. Au moins jusqu'à ce qu'ils prennent connaissance du codicille dicté par Beaufort: la France, avant que Papon ne se soumette, doit d'abord accepter d'être condamnée par la Cour européenne de justice, pour avoir, une fois de plus, appliqué un archaïsme de son code qui refuse d'envisager qu'un présumé innocent, du moment qu'il comparaît devant une cour d'assises, puisse coucher ailleurs qu'en prison.

La cause mérite sans doute qu'on s'en préoccupe, et on ne peut que souhaiter qu'on en finisse avec une telle aberration. Mais il faut aussi rester sérieux et refuser le monde à l'envers derrière lequel tente de se réfugier Papon. Ce grand serviteur de plusieurs Républiques et d'un seul Etat (français) n'a aucune leçon à donner en matière de libertés publiques et de droits de l'homme. Surtout lorsqu'il s'agit d'innovations en ces matières. Il n'a, pas plus qu'un autre au demeurant, à poser ses conditions. Il a d'ailleurs amplement prouvé en d'autres temps que telles n'étaient p