Papon condamné, mais Papon en liberté. La journée d'hier a apporté
son lot de nouvelles à commencer par la condamnation définitive de l'ancien haut fonctionnaire de Vichy , mais elle a surtout mis en évidence le désarroi que sa fuite a causé. En dix-huit ans de procédure, la valse-hésitation de la justice à juger le crime contre l'humanité est aujourd'hui balayée par cette évidence: jamais juge d'instruction n'aura délivré le moindre mandat de dépôt à l'encontre de cet homme qui, depuis hier, est définitivement un criminel. Partie civile au procès, Juliette Benzazon qui a perdu quatorze membres de sa famille en déportation a résumé l'incompréhension qui préside largement dans le pays et dans les sphères du pouvoir et de l'administration: «La police française n'est pas si mauvaise; nous, elle savait nous retrouver même avec des faux papiers.»
Maurice Papon est certes définitivement condamné. Mais il est recherché et en fuite. Où? En ce deuxième jour de traque, le mystère reste entier.
Demeure cette interrogation sur la police: l'a-t-elle surveillé? Sait-elle où il se cache? Officiellement non. Au risque de se ridiculiser, l'Etat français en est à se demander à qui réclamer l'extradition de son ressortissant.
Dix-sept heures et quelques minutes hier. La chambre criminelle de la Cour de cassation met un point final à l'affaire Papon. Du moins sur son versant judiciaire. L'ancien fonctionnaire de Vichy est déchu de son pourvoi pour ne pas s'être plié à la règle de la mise