On a l'impression d'un remake comme on dit en jargon du Grand Ouest
cinématographique: la copie conforme d'un succès passé en vue d'un jack-pot à venir. La mobilisation actuelle des cinéastes français contre la résurgence du danger hollywoodien ne peut que rappeler leurs combats récents et d'ailleurs plutôt efficaces en faveur de l'«exception culturelle». Pourtant, bien des choses ont changé en quelques années.
La première est évidemment que la culture, ou plus exactement les produits culturels commercialisés, ne sont après tout pas si «exceptionnels» que ça. D'ores et déjà, on sait que les négociations de l'OMC qui seront préfigurées à Seattle ne pourront manquer d'inclure dans leurs péréquations comptables une dimension qualitative, notamment en agriculture, ou «sociales» pour ce qui concerne l'industrie. En outre, les Français, qui s'étaient livrés, voici quelques années, à un cavalier seul anti-Gatt, moitié Don Quichotte, moitié d'Artagnan, ne sont plus seuls. Sous une formulation plus modérée, leurs préoccupations ont été reprises par l'ensemble de l'UE (et plus discrètement par d'autres pays) et elles sont assurées de planer en sourdine sur les couloirs de la conférence. La différence entre l'«exception» et la «diversité culturelle», c'est une quête d'universalité pour une intuition initialement plus circonscrite bref, une sorte de «mondialisation».
Ce mot sent toujours le soufre, pourtant le libre-échange est devenu beaucoup plus qu'il ne l'était l'horizon indépas