Des commissions de surveillance inopérantes, des magistrats qui
poussent très rarement les portes des établissements pénitentiaires. Les prisons échappent au contrôle auquel sont soumises habituellement les autres institutions. Deux exemples. A la prison de Beauvais (Oise), pendant trois ans, jusqu'en 1997, le directeur et des surveillants se sont livrés à des tabassages, des agressions sexuelles et des humiliations sur les détenus et d'autres gardiens. A la prison de Laon (Aisne), jusqu'à cette année, la politique menée par le directeur a entraîné de graves dérives, comme le viol de plusieurs jeunes par des détenus plus âgés (lire page 4). Tout cela sous le regard aveugle de la direction de l'administration pénitentiaire, des magistrats et de la commission de surveillance censée se réunir une fois par an à la prison.
Au-delà de ces affaires hors du commun, il y a la vie carcérale au quotidien, zone de non-droit. Les détenus entassés à plusieurs dans des cellules de 10 m2, les toilettes livrées au regard des autres, les rares douches autorisées (parfois trois, souvent deux par semaine). Et la discipline hors du temps. Au prétoire le tribunal interne de la prison , les détenus ne sont pas assistés d'un avocat. Pourtant, les punitions peuvent aller jusqu'à quarante-cinq jours de mitard. Les étrangers y comparaissent sans interprète. En juillet d'ailleurs, la Commission nationale consultative des droits de l'homme a préconisé la présence d'un défenseur et d'un interprète devan