Existe-t-il un risque zéro en matière sanitaire, et sinon, quelle
part de risque est-elle acceptable? Au-delà des mouvements de menton et des indignations de circonstance, telles sont les véritables questions que soulève la guerre franco-britannique du boeuf désossé de plus de six mois et de moins de trente. On peut et on doit, sans risque de se tromper, répondre non à la première interrogation: quoi qu'en disent les intégristes de la sécurité alimentaire et malgré les énormes progrès effectués, le risque zéro n'existe pas et n'existera sans doute jamais. C'est d'ailleurs le propre, et dans des proportions infiniment plus élevées, de toute activité humaine. Reste donc à savoir non pas s'il y a risque mais jusqu'où on peut raisonnablement l'assumer. Poser le problème en ces termes revient à dire que les politiques ne pourront pas s'en débarrasser en le confiant à l'expertise des scientifiques. Ces derniers ne peuvent en effet que confirmer l'existence d'un risque, quitte à diverger sur son ampleur et son degré d'acceptabilité. Et tel sera vraisemblablement le «verdict» que rendra aujourd'hui ou demain le Comité scientifique européen, renvoyant ainsi les commissaires à leurs responsabilités politiques et à d'éventuelles poursuites pénales dans le cas ou leur choix se révélerait désastreux ultérieurement.
C'est pour faire face à ce genre de dilemme que s'est développé le principe de précaution. Les responsables français, plus traumatisés que certains de leurs collègues européen