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Libération

Matignon joue le détachement. La neutralité affichée de Lionel Jospin pourrait se retourner contre lui.

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publié le 29 octobre 1999 à 1h24

Les développements de l'enquête sur la mutuelle étudiante sont

officiellement accueillis avec le plus grand détachement à l'hôtel Matignon: «No comment, la justice doit faire son travail.» «Aucun emploi fictif, aucun financement croisé avec la mutuelle étudiante (...) Laissons la justice travailler en toute indépendance», a assuré hier le premier secrétaire du PS, François Hollande. Pourtant, avec ce dossier, les hommes du Premier ministre pourraient bien passer leur baptême des affaires. Et, si les mises en cause de responsables politiques se poursuivaient, ils auraient l'occasion de tester in vivo la solidité et l'efficacité de leur argumentaire répétée: «Nous ne nous mêlons pas des affaires.»

Registre technique. «On est arrivé au pouvoir en 1997 aussi sur cette idée de moraliser la vie publique», rappelle Marisol Touraine, secrétaire nationale du Parti socialiste. En la matière, comme en d'autres, Lionel Jospin a une sorte d'obligation de résultat. Ou, tout au moins, de moyens. Jusqu'à présent, le gouvernement a joué sur le registre technique: réforme coupant ­plus ou moins ­ le lien entre le parquet et la chancellerie; refus affiché de donner des instructions; contraste souligné entre un Jacques Toubon désordonné, envoyant des hélicoptères dans l'Himalaya, et une Elisabeth Guigou méthodique, qui se veut ministre de la Justice et non ministre des affaires. Illustration de cette volonté de transparence: lorsqu'explose l'affaire Mnef et que la droite cherche à l'exploiter, le