Dire que Twickenham a passé une après-midi d'émotions inoubliables
deviendra un lieu commun. Mais la plus touchante fut certainement celle causée par les All Blacks. Les Français faisaient leur tour d'honneur et eux, vaincus, perdus, les attendaient patiemment pour leur faire une haie d'honneur. Le professionnalisme est venu, le rugby, au fond, n'a pas vraiment changé.
La victoire des Français, du point de vue de la froide analyse, est certainement inattendue. Leur saison fut catastrophique. On pouvait juger que c'était la plus faible équipe de France jamais vue depuis longtemps et, à quelques exceptions près, les joueurs ne valaient pas un clou. Les entraîneurs, alors, passaient pour de doux rêveurs.
La victoire d'hier vient à point pour rappeler que le fait d'agiter des idées cohérentes est une attitude réaliste. Il ne faut pas chercher longtemps pour y retrouver la patte de Jean-Claude Skrela et de Pierre Villepreux. «On pourrait dire que le jeu que nous prônons est ambitieux, que nous n'avons pas les joueurs pour y arriver, disait Villepreux il y a un an. Mais, mettre en place un jeu restrictif, ça m'emmerde. Et puis, si on veut s'approcher des meilleurs, c'est vers l'ambition qu'il faut tendre.»
Ça a marché pendant deux saisons. En 1997 et 1998, les Français ont remporté deux grands chelems consécutifs. Pourtant, en 1997, à Twickenham justement, les connaisseurs ne donnaient pas cher de la peau du XV de France face aux Anglais. Par deux fois successivement, les Français les