Comment venir à bout du Caucase? La question est vieille comme la
sainte Russie et la réponse n'a jamais vraiment varié: par la russification, si possible, et en tout cas par la force. Après quelques tsars, après Lénine et Staline, après Eltsine, Vladimir Poutine est entré à son tour dans la danse macabre. Mais le jeune Premier ministre que le tsar malade a «donné» à son peuple paraît beaucoup plus déterminé et méthodique que ses éphémères prédécesseurs, dont il évite de répéter les erreurs. Moins de rodomontades donc, moins d'engagements sur le terrain, aussi, pour limiter les pertes russes. Mais beaucoup plus de bombardements, de tirs d'artillerie et de missiles sol-sol. La précision n'est pas au rendez-vous et les civils font les frais des opérations, mais Moscou n'en a cure. Comme l'a dit hier Igor Sergueïev, le ministre de la Défense, «notre mission est de libérer toute la Tchétchénie des terroristes». Il n'a pas ajouté que tout Tchétchène est un terroriste en puissance, mais c'est bien ce que laisse à penser le comportement de ses troupes.
Cette politique de la terre brûlée, dont le prétexte officiel est la lutte antiterroriste, a toutes les chances de se terminer en catastrophe régionale. La «reconquête» de la Tchétchénie, même menée à huis clos, contaminera forcément les républiques voisines celles qui font partie de la Russie, mais aussi celles qui ont pris leur indépendance après l'implosion de l'URSS. La Géorgie, victime de sécessions encouragées par la Russie, n'