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Analyse

Le droit d'ingérence recule. L'Occident ne fait même pas pression sur Moscou.

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publié le 4 novembre 1999 à 1h47

Kosovo: 10 890 km2, environ 2 millions d'habitants avant la guerre,

dont 90% d'Albanais et 200 000 Serbes.

Tchétchénie: 19 350 km2, 900 000 habitants, dont 58% de Tchétchènes, 18% d'Ingouches et 16% de Russes.

Ces deux territoires ont bien des choses en commun: leur taille modeste, leur population composée d'une forte majorité musulmane et d'une minorité orthodoxe issue du pays dont il font formellement partie (Serbie pour l'un, Russie pour l'autre), et, enfin, un conflit sans merci. Pour le premier, les Occidentaux ont estimé que la «barbarie» était insupportable «à la fin du XXe siècle» et sont intervenus militairement, passant outre à un feu vert de l'ONU qui leur aurait été refusé. Pour le second, ils se contentent de manifestations d'«inquiétude» et d'invitations rituelles au «dialogue». Et c'est tout.

«Affaires intérieures». Deux poids, deux mesures? Quelle que soit la manière dont on présente le dossier, il est clair que la capacité d'indignation des principaux pays occidentaux est bien émoussée face au désastre humanitaire en cours en Tchétchénie par rapport au Kosovo. L'un comme l'autre sont pourtant bel et bien des «affaires intérieures» de leurs pays respectifs, loin d'un Timor oriental dont l'annexion par l'Indonésie n'avait jamais été sanctionnée sur le plan international. Et pourtant, le Kosovo est devenu, de facto, un «protectorat» international avec à sa tête un «proconsul» nommé par le Conseil de sécurité de l'ONU, Bernard Kouchner, alors que la Tchétchénie rest