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Libération
Éditorial

RUGBY. COUPE DU MONDE 1999. A transformer.

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publié le 6 novembre 1999 à 1h49

Les Bleus ont rendez-vous avec les Wallabies, Chirac avec Jospin,

les sportifs avec leur télé et la France avec elle-même. Ce cher et vieux pays, définitivement cyclothymique, est sorti de sa déprime dimanche dernier, en quelques minutes magiques, après avoir longuement dénigré l'équipe nationale de rugby et ses dirigeants. Depuis, l'euphorie et l'exaltation règnent et certains se mettent à rêver tout haut à une victoire enchantée, à un deuxième 12 juillet (1998). Le réalisme et les bookmakers leur donnent tort. Mais le XV de France n'a-t-il pas fait mentir les calculs de probabilité la semaine dernière? Pour ce sport, l'essentiel est peut-être déjà fait: l'essai a été marqué même s'il reste à le transformer. Le coup d'éclat des Français contre les Blacks compte double car le statut public du rugby en France est injuste. Ce sport est sans cesse sommé de faire ses preuves, de fournir un surcroît de rendement, simplement pour exister. C'est le sort des minoritaires et on compte dix licenciés de ballon rond pour un seul joueur d'ovale. A la différence du football, le rugby n'est pas installé à demeure dans le paysage national, il doit mériter sa place. En diffusant la finale, TF1 a touché le gros lot publicitaire. Mais est-il normal que deux des matchs capitaux de la Coupe (l'autre demi-finale et la «petite finale») aient été diffusés l'un en crypté et l'autre sur un canal encore plus confidentiel?

Cet ostracisme de fait, beaucoup d'amateurs l'ont reçu comme un reste de mépris. M