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Libération
Éditorial

Contorsions.

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publié le 12 novembre 1999 à 1h54

En décidant de durcir sa position dans la «guerre du boeuf», le

gouvernement français a assumé le risque d'un conflit diplomatique non seulement avec la Grande-Bretagne mais aussi avec l'Union européenne. Il est possible que cette attitude ne soit destinée qu'à obtenir, in fine, quelques concessions supplémentaires qui rehausseraient (en France, du moins) la stature internationale du Premier ministre. Le nouveau délai de grâce accordé à Jospin vaut pour celui-ci brevet de pugnacité avant un habile compromis de dernière minute.

Ce scénario relativement optimiste n'est pas une garantie d'innocuité. L'attitude de défi adoptée par la France à l'égard de Bruxelles servira de référence à tout ce que l'Union compte d'antieuropéens, et ils sont nombreux. Les critères scientifiques dont arguent les Français ne s'imposent pas avec assez d'évidence pour que d'autres comités, en d'autres circonstances, ne s'autorisent pas de cet à-peu-près pour édicter d'autres manquements à l'autorité communautaire. Le «principe de précaution» est sans doute une excellente chose. C'est aussi un concept contorsionniste. On s'en rendra compte tôt ou tard.

On peut aussi imaginer un scénario plus gris. Les Français n'obtiennent rien d'ici à mardi qu'ils puissent faire valoir comme une concession arrachée de vive lutte, et ils se mettent délibérément hors la loi communautaire. Le geste ne serait sans doute pas impopulaire en France. La forte hantise des intoxications alimentaires, la paranoïaque mais populai