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Libération
Reportage

«Une bombe de boue» est passée sur Cuxac-d'Aude. Dans le bourg sinistré, on critique l'absence d'information.

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publié le 15 novembre 1999 à 1h56

Cuxac-d'Aude envoyé spécial

C'est dimanche matin, dans l'allée des Olivettes. Là-bas, de l'autre côté des flots qui ont pris la place des champs et des vignes, le centre de Cuxac-d'Aude (4 300 habitants à sept kilomètres au nord de Narbonne) est toujours coupé du monde. Mais ici, l'eau a commencé à se retirer, et le petit lotissement à l'extérieur du bourg découvre l'ampleur des dégâts. Michel Fornieles nettoie l'intérieur de sa 2 CV au jet. Elle avait de l'eau jusqu'au toit. Sa 605, dans le garage, est encore immergée. «Foutue. Une 605 SRDT"» Comme la piscine: on ne la voit plus, sous l'eau boueuse. Et c'est pire dans la maison. La force du courant a tout chahuté, comme un bateau qui chavire. Le frigo est à terre, les commodes renversées, et la boue partout. «On est des clochards, dit ce chauffeur-routier de 45 ans. Une bombe est passée chez moi.» Samedi matin, à 7 h. «Ma femme m'a réveillé: "Ça fait bou-bou dans les WC. J'arrive aux WC, ça sort par la cuvette. J'ouvre la porte d'entrée, ça m'a plaqué au mur. Y avait déjà un mètre d'eau dehors. Juste le temps de prendre les gosses sur les épaules, et dehors.» Maintenant, pieds nus dans la boue, il constate: «On est ruinés. En un jour. Et la maison, on peut même plus la vendre.»

Belle, Cosette et Fifille. Un peu plus loin, Hervé Maurandy, 35 ans, rigolerait presque. «Ma femme était enceinte. Samedi, à 1 heure du matin, elle a eu des contractions. On est partis. A 3 heures, elle accouchait, avec deux jours d'avance. A trois