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Libération

Les «cafouillages» des magistrats antiterroristes. Le juge Bruguière a retenu des notes importantes du préfet Bonnet.

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publié le 18 novembre 1999 à 1h40

Pour illustrer «le comportement singulier des magistrats

spécialisés» dans l'antiterrorisme, les députés ont décortiqué le cheminement des «notes Bonnet» qui, six mois avant le dénouement de l'affaire Erignac, révélaient déjà les noms des assassins. Informé par une source corse, le préfet Bonnet a bien livré, le 16 novembre 1998, ces renseignements au procureur de la République de Paris, Jean-Pierre Dintilhac, qui a rédigé une «fiche blanche» sans en-tête, avant de l'apporter au juge Jean-Louis Bruguière. «Force est de constater que malgré la démarche de M. Dintilhac qui s'est rendu lui-même dans le bureau de M. Bruguière, ce qui est une façon de procéder très exceptionnelle qui aurait dû retenir son attention, ce dernier n'a pas réagi», constate la commission. Le juge Bruguière a répliqué ­ «Je n'ai jamais été destinataire des notes Bonnet» ­ puis contre-attaqué: «Le procureur de la République, soit de sa propre initiative, soit sur instruction, m'a occulté l'origine de ces informations, et surtout a tenté de faire accroire qu'elles ne provenaient pas d'un représentant de l'Etat (") ou d'un canal institutionnel, ce qui est faux», a accusé le magistrat qui justifie ainsi sa «réaction tardive» (deux mois) sur un élément clé de l'enquête. Bruguière n'a pas plus parlé de ces éléments à ses deux collègues en charge du dossier Erignac. Devant la commission, le juge Gilbert Thiel a trouvé «curieux qu'un magistrat soit le seul destinataire d'une information» et non pas les trois jug