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Libération
Éditorial

Banco.

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publié le 20 novembre 1999 à 1h38

A ceux qui s'interrogent encore sur l'existence d'une nouvelle

économie, l'OPE géante dans la téléphonie européenne inflige un cinglant démenti. La tentative de Vodafone visant à prendre le contrôle de Mannesmann est archétypale de cette nouvelle règle du jeu. Dans cette transaction à 800 milliards de francs ­ un record absolu ­, la valeur des actifs industriels apparaît secondaire par rapport à la rentabilité escomptée (on devrait dire spéculée) de l'entreprise. Le cas Mannesmann est même caricatural, avec ses laminoirs et ses équipements lourds employant plus de 100 000 salariés et qui comptent presque pour du beurre, alors que sont survalorisées les activités de télécommunications: portefeuilles de clients, marque et parts de marché, autant dire de l'intangible.

En fait, cette opération soulève les questions les plus pertinentes sur la «nouvelle économie». En proposant environ 50 000 francs pour chaque abonné de Mannesmann (cinq ou dix fois le prix d'un abonné à la télévision par câble, par exemple), Vodafone fait un double pari. Commercial d'abord: il est audacieux de jouer sur le fait que des consommateurs puissent investir chaque année des milliers de francs dans des services sophistiqués qui n'existent pas encore; au passage, le britannique joue aussi sur la fidélité des abonnés, lesquels sont plutôt volages, puisque un sur quatre change de fournisseur après un an (d'où l'intérêt de visser son monopole, fût-ce au prix fort). Un pari technologique ensuite: les opérateu