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Libération
Éditorial

Les mains pleines.

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publié le 22 novembre 1999 à 1h37

L'étonnant dans la rencontre de Florence, ce n'est pas que la fine

fleur des chefs d'Etat occidentaux se congratule, mais qu'elle le fasse en dissertant gravement de l'avenir du réformisme. Comment les principales démocraties des deux rives de l'Atlantique en sont-elles venues à être dirigées par des figures non certes semblables, mais largement ressemblantes? Même si elle devait se révéler éphémère, cette conjonction remarquable ne peut sortir du seul hasard des alternances politiques propres à chaque pays.

Chacun des chefs d'Etat présents à Florence représente à sa façon une critique de l'ancienne critique du système capitaliste. Clinton n'a pas pris moins de distance avec la vulgate du Parti démocrate que Jospin avec les dogmes étatistes de la gauche française, D'Alema n'est pas moins éloigné de Berlinguer que Schröder ne l'est de Brandt ou Blair des TUC. Chacun d'eux est un réformiste de tendance réformée. En les portant au pouvoir, leurs électeurs semblent avoir voté à la fois pour l'efficacité économique ­ traditionnellement reconnue aux conservateurs ­ et pour mettre des garde-fous au système.

Ce qui rassemblait les chefs d'Etat à Florence, c'est en effet moins un credo partagé qu'un positionnement politique équivalent à l'intérieur de leurs paysages politiques respectifs. A cet égard, la présence de Clinton à un congrès «progressiste» est moins surprenante qu'il ne pourrait paraître. N'est-il pas la preuve vivante que la «révolution conservatrice» qui paraissait devoir