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Libération

Après six semaines de regain de violence en Algérie. Un leader du FIS assassiné à Alger. Abdelkader Hachani était un partisan de la paix, mais il exigeait qu'elle soit négociée.

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publié le 23 novembre 1999 à 1h36

Abdelkader Hachani était assis dans la salle d'attente de son

dentiste, à Bab el-Oued, un quartier populaire d'Alger. Haut dirigeant du FIS (Front islamique du salut), il était sous surveillance policière constante depuis sa libération, voilà deux ans. Hier, de façon inhabituelle, personne ne l'escortait. Dans la salle d'attente, un homme est entré. Seul. «Avec une précision professionnelle», selon nos informations, il lui a logé deux balles dans la nuque.

Cette exécution en pleine ville, à l'heure du marché, rappelle soudain les assassinats politiques, comme celui du président Mohammed Boudiaf, tué devant les caméras de télévision en 1992, et celui de l'avocat Ali Mecili, numéro 2 du FFS (Front des forces socialistes, parti historique d'opposition), abattu à Paris en 1987. «C'est un signe funeste. L'euphorie et les discours enthousiastes du président Bouteflika n'auront été qu'une façade. Cette mort nous remet brutalement en face de la réalité sanglante», dit un avocat algérien, spécialisé dans les droits de l'homme.

Dans les rangs du FIS, éparpillé, décimé, emprisonné, Hachani restait sans doute le dernier homme politique d'envergure à pouvoir prétendre parler au nom du parti dissous, à la suite de sa victoire aux élections de 1991. Sa position était claire: favorable à un règlement politique du conflit, il s'était en revanche publiquement opposé à la loi sur la concorde civile, conduite au pas de charge par le président Bouteflika.

Pas revendiqué. Hier soir, son assassinat n