A Alger, cet automne, en prenant publiquement position contre la
concorde civile, Abdelkader Hachani savait qu'il enfreignait un des tabous du pouvoir algérien: «Se taire et se soumettre, c'est le marché que le pouvoir nous propose», disait-il. A 44 ans, Hachani est alors le dernier des chefs islamistes à revendiquer à la fois la paix, tout en refusant celle échafaudée par le pouvoir. Alors que le FIS se perd dans ses divisions internes les uns négocient ouvertement, d'autres en coulisse, tandis que certains se lancent dans des surenchères extrémistes , Abdelkader Hachani reste celui qu'il a toujours été: le politique.
Deux facettes. C'est à la fin des années 70 que ce fils d'un résistant de l'Armée de libération nationale (ALN) forge à l'université de Constantine les deux facettes de son personnage: l'ingénieur en pétrochimie, qui travaillera près de dix ans à la Sonatrach (la compagnie des hydrocarbures algériennes), et le militant qui s'engage dans la mouvance islamiste, jusqu'à devenir l'un des 35 membres fondateurs du FIS en 1989. Avant de s'imposer comme le porte-drapeau de ceux que l'on baptise alors «les technocrates et les modernistes du FIS», ces jeunes cadres souvent issus des filières scientifiques et favorables à la «conquête légale» du pouvoir. Face aux prédicateurs enflammés, ils apparaissent comme une possible élite dirigeante.
L'arrestation en juin 1991 de Abassi Madani et Ali Benhadj, les deux dirigeants historiques du FIS, va le propulser à la direction d