Cela ressemble au réveil après un trop long sommeil. Samedi
après-midi, quelque 10 000 personnes (5 000 selon la police, 15 000 selon les manifestants) ont manifesté dans Paris, suivant un parcours symbolique, de la place de la Bourse à la place de la Bastille en passant par celle de la République. A Marseille, Toulouse, Strasbourg, Lyon, Bordeaux, Rennes, mais aussi à Stockholm, Genève et Bruxelles, plusieurs centaines de voix ont fait écho, à l'appel d'une trentaine d'associations (dont Attac), de syndicats (CGT, Groupe des dix, FSU, Confédération paysanne") et de partis politiques (Verts, PCF, LCR, MDC). Tous venus clamer leur inquiétude face à la «marchandisation» de la planète. Etape d'un processus désormais enclenché?
Protestation diffuse. En 1992, les négociations du Gatt s'étaient déroulées dans une indifférence comateuse; l'an passé, l'accord multilatéral sur l'investissement (l'AMI) avait provoqué un grommellement, annonciateur d'un réveil. Depuis, les actions choc de la Confédération paysanne ont ébranlé l'opinion. A deux jours de l'ouverture des négociations de l'OMC, il s'agissait de fédérer cette protestation diffuse. «C'est la première fois que convergent les victimes du libéralisme, chômeurs, sans-logis, agriculteurs; les gens prennent conscience que nous sommes entrés dans un cycle infernal où les négociations internationales prétendent régir tous les aspects de notre vie quotidienne santé, culture, éducation, alimentation», estime Alain Krivine, porte-parol