Washington de notre correspondant
Jeremy Rifkin préside la Foundation on Economic Trends, un think tank qui a joué un rôle moteur dans la critique de la mondialisation, du pouvoir des multinationales, et des dérives possibles de la révolution technologique, qu'il a analysées dans deux ouvrages, la Fin du travail et le Siècle biotech (éditions La Découverte).
Quel est selon vous l'enjeu principal du débat autour de la mondialisation?
La mondialisation n'est en fait qu'un des aspects d'une mutation plus fondamentale du système capitaliste, dont le moteur est la révolution technologique. Celle-ci a donné naissance à des instruments l'Internet, les télécommunications digitalisées, les nouveaux médias qui oblitèrent les contraintes spatiales, et permettent de faire des échanges sur une base temporelle. Le cyberespace devient le lieu privilégié de l'activité économique, à travers le commerce électronique. On passe des marchés, à l'origine lieux physiques où vendeurs et acheteurs échangeaient des biens matériels, à des réseaux à travers lesquels des fournisseurs donnent accès à des biens intellectuels dont ils conservent la propriété et le contrôle" La mobilisation contre l'OMC à Seattle n'est-elle pas motivée par des réflexes conservateurs?
La mobilisation contre la mondialisation est en effet une sorte de réflexe. Les gens sentent obscurément que quelque chose de fondamental est en train de se jouer, sans trop savoir quoi, et ils donnent à la menace le nom générique de «mondialis