Le quatrième volet de la «réforme Guigou», sur la responsabilité des
magistrats agissant ex officio, est une bonne chose mise en oeuvre pour de moins bonnes raisons. Il est souhaitable que les juges soient eux-mêmes soumis à l'exigence de transparence et de responsabilité sur laquelle ils se sont appuyés pour remettre en cause l'impunité indue du pouvoir politique. Mais ce projet, dont la publication a été quelque peu brusquée, est aussi une monnaie d'échange compensatoire destinée à se gagner le vote favorable des parlementaires lors de la prochaine réforme constitutionnelle.
Ce qui est gênant, ce n'est pas cette astuce tactique de Guigou, qui est de bonne guerre en régime démocratique, où (selon des principes admis plus que pratiqués) la définition des lois revient au Parlement. Ce qui soulève plus d'objections dans son geste, c'est le quitus symbolique qu'elle donne à toute une partie de la classe politique qui a repris du poil de la bête et qui fait souvent des magistrats ou des médias les boucs émissaires de ses récentes mésaventures.
Cela dit, les fonctionnaires de la Justice ne tiennent leur pouvoir de juger que de la candide sagesse du peuple français qui le leur a délégué. Qu'ils aient éventuellement des comptes à rendre à ce même peuple, et ce ailleurs que dans l'obscurité d'un conseil de discipline, quoi de plus normal? Par exemple, comment oublier que la regrettable corruption financière du monde politique n'a jamais été possible que par une compromission tacite de