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Libération
Éditorial

Remugles

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publié le 3 décembre 1999 à 2h10

Il est très peu probable que les services français aient reçu

l'ordre d'assassiner Milosevic ou qu'ils aient envisagé de leur propre chef de l'éliminer. Milosevic et ses sbires le savent pertinemment. Reste à savoir pourquoi ils prétendent le contraire en mettant en avant un prétendu complot dont le bras serait formé par les cinq «chiens de guerre» dont l'arrestation a été annoncée la semaine dernière à Belgrade. En gardant à l'esprit que les plus efficaces opérations d'intoxication et de désinformation sont celles qui comportent une ombre de vérité, un soupçon de chantage. L'explication la plus convaincante des accusations rocambolesques portées à l'encontre de la France gît vraisemblablement dans les relations glauques qui ont longtemps existé entre Paris et Belgrade. Une connivence enracinée dans l'histoire et que revendiquait François Mitterrand lorsqu'il s'exclamait: «La France ne fera jamais la guerre à la Serbie!» Jacques Chirac la fit; dès 1995, d'ailleurs, il avait mis un terme sur le terrain à la très grande compréhension, pour ne pas dire plus, dont faisaient preuves nos troupes à l'égard de celles des Serbo-bosniaques. Mais il est clair que tous les liens n'ont pas été rompus, entre militaires, mais aussi et surtout entre services de renseignements. Et l'un de ces liens n'est autre que ce Yugoslav Petrusic, alias Dominic Yugo, présenté par Belgrade comme la tête du réseau Araignée, chargé de tuer Milosevic. N'a-t-il pas trempé, à la demande de Paris et de Moscou,