Ex-président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, ex-conseiller de François Mitterrand, Jacques Attali estime, qu'à Seattle, la société civile a jeté les bases d'un «législatif planétaire».
Qu'est-ce qui a changé?
En faisant irruption dans le débat, la société civile met en évidence le besoin d'un pouvoir législatif planétaire. Cette société civile est hétéroclite: beaucoup d'ONG n'ont qu'une représentativité autoproclamée. Elles incarnent davantage un besoin de représentation qu'une réalité représentative. Mais c'est une étape de plus. A côté d'un exécutif mondial qui prend seul des décisions (les institutions multilatérales), il manquait encore un législatif capable d'exercer un contre-pouvoir. Dans l'état actuel, cela ne va pas sans problème: une telle simultanéité des deux pouvoirs ne peut que paralyser une négociation. Les débats ne se font plus de façon confidentiel: chacun est obligé d'afficher ses positions de départ publiquement. Résultat, il n'y a plus de compromis et de négociations possibles.
Comment interprétez-vous l'émergence de ce «législatif planétaire»?
Voilà 15-20 ans que tout le monde parle de village global et d'interdépendance. Ce village global se construit de plus en plus grâce aux nouvelles technologies. La globalisation est là, immédiatement vécue comme une nécessité d'intervention. L'exemple de l'AMI a été frappant. L'Accord multilatéral sur l'investissement avait déjà montré en 1997 l