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Libération
Éditorial

Le tournant de Seattle. Un moment clé.

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publié le 4 décembre 1999 à 2h09
(mis à jour le 4 décembre 1999 à 2h09)

La rencontre de Seattle n'était qu'une négociation sur la meilleure façon de négocier. Cela revenait en partie à préfigurer, sinon à contraindre, l'issue finale des négociations. Diplomates et technocrates excellent en principe dans ce genre d'exercice, ce combat du compromis. A Seattle, ils sont tombés sur deux écueils, deux coriaces contradictions: d'abord, le choc des intérêts de chaque bloc du tripode UE, Etats-Unis, reste du monde, choc d'autant plus brutal qu'au fil des ans, de Gatt en OMC, on s'approche du coeur des choses qui fâchent; ensuite, l'hiatus entre des procédures de décisions très opaques et l'ensemble des opinions publiques qui ont pris conscience de l'impact de ces décisions sur leur vie. Ces deux réseaux de contradictions ne se superposent pas mais se multiplient l'un par l'autre. Pour l'essentiel, les nantis européens et américains défendent leurs appareillages protectionnistes respectifs contre le libre-échangisme des pays émergents, les actuels perdants du système. Mais UE et Etats-Unis se disputent pour savoir qui paiera l'addition. AFL-CIO et FNSEA, même combat? Pas vraiment. Car les syndicaliste américains sont précisément parmi les plus fermes soutiens des pressions pour sucrer les subventions que défendent si inébranlablement les syndicalistes français. La «société civile» n'est en réalité pas moins tiraillée que les délégations officielles à la tribune par ses divergences, même si celles-ci s'effacent derrière l'apparent unanimisme du front du