1. La rue prend la parole
«Ce que les manifestants nous font savoir, c'est que l'opinion publique ne va plus se taire sur les sujets dont nous parlons, comme cela était le cas par le passé. Ils ne sont pas forcément contre le commerce, mais ils veulent qu'on les écoute», a prévenu Bill Clinton en s'adressant aux délégués de l'OMC mercredi. «Nous devons comprendre que l'environnement a complètement changé. Nous sommes entrés dans une société d'information globale, qui renforce le pouvoir des citoyens dans le monde entier. Et ils frappent à notre porte, et disent: laissez-nous entrer, et écoutez-nous. Ce processus ne peut plus être réservé aux élites.»
Au-delà du rejet passionné de la «mondialisation» par les manifestants qui ont fait trébucher le sommet de l'OMC dès son ouverture, le fait est que jamais une réunion sur les problèmes abscons du commerce international n'avait attiré une attention aussi intense des médias. Et que jamais non plus l'influence des organisations non-gouvernementales (ONG) et des lobbies (y compris ceux des multinationales comme Boeing ou Microsoft qui sponsorisaient la réunion) n'a été aussi visible comme l'a manifesté la présence de plusieurs milliers de délégués, de centaines de points de presse et de tonnes de documents diffusés par les ONG dans les couloirs du sommet qui ont pris par moments l'aspect d'un véritable souk planétaire, pas vraiment «transparent», mais où les tractations à huis clos ne peuvent plus se faire sans entendre les cris et fureurs de la rue.
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