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Libération
Éditorial

Le doute

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publié le 10 décembre 1999 à 2h04

L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a créé

un nouveau concept, celui du «risque plausible mais non quantifiable». On pourrait y voir comme un chef-d'oeuvre dans l'art de la défausse. On aurait tort: venant de scientifiques consultés par des politiques pour savoir quel est le risque de transmission à l'homme de l'agent de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), c'est une lapalissade. Car, en cette matière, le risque zéro n'existe pas. La mystérieuse maladie, elle, perdure en revanche de l'autre côté de la Manche sans qu'on sache à coup sûr si les précautions prises suffisent à s'en protéger.

Les scientifiques de l'Afssa avaient d'autant plus de raisons de ne pas vouloir substituer leur responsabilité à celle des politiques qu'ils se souviennent de l'affaire du sang contaminé, durant laquelle ministre et secrétaire d'Etat concernés leur avaient pratiquement délégué les pleins pouvoirs. Avec les résultats qu'on connaît. Mis au pied du mur et lui aussi instruit par les déboires de l'équipe Fabius, le gouvernement Jospin a rallié le principe de précaution, qui exclut toute prise de risque: le boeuf britannique, même dans d'infimes proportions et même étiqueté, ne passera pas. Politique de sagesse ou politique du parapluie? Impossible de trancher pour le néophyte. Et le doute perdurera longtemps. Mais ce faisant, la France s'est mise hors la loi européenne puisque la Commission de Bruxelles a jugé le risque acceptable après consultation du Comité scien