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Libération

La loi Aubry ne libère pas les mères. Paradoxe, la femme pourrait se retrouver débordée à la maison.

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publié le 15 décembre 1999 à 2h01

Le mercredi est le jour des enfants. Il est aussi devenu pour les

sociologues un bon exemple de l'usage féminin de la réduction du temps de travail. «Ce jour-là, les femmes vont repasser ET surveiller les devoirs des enfants. Elles les accompagnent aux activités ET elles font les course», résume la sociologue Rachel Silvera. Les femmes superposeraient le temps, les hommes le conjugueraient, «ils lisent le journal en écoutant la radio». Rachel Silvera, maître de conférences à Paris X, a mené une enquête auprès de 150 salariés expérimentant déjà l'aménagement ou la réduction du temps de travail (1). Chez les ouvrières, soumises à des conditions de travail difficiles, la RTT était surtout l'occasion de souffler. «Mais quand elles ont le choix parmi tous les jours de la semaine , elles prennent le mercredi. Vis-à-vis de l'entreprise et de la famille, l'enfant est l'argument acceptable. Elles voudraient mais n'osent pas prendre une journée pour elles, elles auraient l'impression de la voler.» Pour les femmes cadres qui «culpabilisaient», la RTT a été l'occasion de «rééquilibrer» en faveur des enfants.

Réaction. «C'est le paradoxe de cette loi. Elle pourrait bien donner lieu à un retour des vieux démons, à un désinvestissement pernicieux des femmes de la sphère du travail au profit de la maison», s'inquiète Rachel Silvera. Cette loi n'a pas fait, en France, l'objet d'une mobilisation féministe, au contraire des pays nordiques, où la question de la répartition des tâches ménagères es