La France aime bien, d'habitude, se décerner des brevets de bonne
conduite et chercher hors de ses frontières la source de ses problèmes de pollution pétrolière. Pas de chance cette fois: si la poubelle flottante Erika naviguait bien sous pavillon de complaisance, elle avait été affrétée par TotalFina, le chef de file du tout nouveau fleuron de l'industrie française né de la bataille aussi fusionnelle qu'épique de cet été avec Elf. Le coup est rude pour Thierry Desmarest qui promettait après sa victoire sur Philippe Jaffré «une politique de croissance ambitieuse». «A quel prix pour les autres?» seront dorénavant en droit de lui demander non pas ses actionnaires qui ne seront en rien pénalisés par la catastrophe, mais quelques mauvais esprits. Car c'est son groupe, pour une économie de quelques milliers de dollars, qui a choisi de louer une antiquité aux mains d'un équipage problématique et de faire ainsi courir des risques inconsidérés à la communauté. TotalFina ne manque pas déjà de faire remarquer que ces pratiques sont générales et qu'elles ne violent en rien la réglementation internationale en vigueur. C'est probablement vrai, sous réserve d'inventaire. Mais c'est donc bien la preuve par a+b que cette réglementation est soit insuffisante, soit dénaturée. A moins qu'elle ne soit insuffisante et dénaturée. L'hypothèse n'est guère audacieuse; elle est d'ailleurs retenue par l'immense majorité des experts qui ne sont pas à la fois juges et partie. Est-il normal, en effet, q