«Pendant la nuit, les nappes se sont transformées en chapelets», commentait hier Jean-Claude Gayssot, ministre de l'Equipement. Au quatrième jour de leur contact avec l'eau de mer, les deux nappes de 10 000 tonnes de fioul lourd échappées de l'Erika ont continué à se fractionner en deux nébuleuses d'une surface de douze kilomètres sur deux et d'un bon centimètre d'épaisseur. «C'est la première fois qu'une nappe de pétrole dérive si longtemps en mer. Plus elle restera à l'eau, plus les plaques seront petites, et moins cette pollution sera dommageable pour les milieux. On n'aura pas une grosse nappe qui viendra tout engluer comme celle du Tanio, qui avait colmaté 150 kilomètres de côtes en 1980», explique Christophe Rousseau, adjoint au directeur du Centre de documentation, de recherches et d'expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre). L'Amoco Cadiz avait sombré à quelques centaines de mètres de la côte, et le fioul du Tanio, identique à celui de l'Erika, avait atteint le littoral en trois jours.
Viscosité. Les analyses, effectuées hier matin par le Cedre, indiquaient une stabilisation du phénomène d'émulsion créé par le mélange du fioul avec l'eau de mer. Le volume des nappes, qui avait doublé, s'est stabilisé à 20 000 mètres cubes. La viscosité, en revanche, a atteint hier son niveau maximal. Pas soluble dans l'eau, ce pétrole lourd, ultime résidu du raffinage, «est peu toxique. Les dommages ne seront pas chimiques mais mécaniques», explique-t-on à la D