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Libération

Le quotidien de la population tchétchène sous les bombes. Un peuple à l'agonie. La Russie refuse d'admettre la guerre faite aux civils.

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publié le 17 décembre 1999 à 2h25

Moscou, de notre correspondant.

Pendant que les civils et les soldats meurent dans les rues de Grozny, à Moscou le mensonge continue. Hier au petit matin, on apprenait (agence occidentale, chaîne privée de télévision russe) qu'une colonne de chars russes était entrée dans la nuit à Grozny. Ayant atteint le quartier de Minoutka, au centre de la ville, elle avait été prise sous le feu des combattants tchétchènes. Les pertes russes s'élevaient à une centaine de soldats morts. Faux, répond le porte-parole des forces armées russes dans le Caucase: «Aucun blindé n'est entré dans Grozny».

Au coeur de la matinée, lors d'une conférence internationale, en présence d'intellectuels français (lire page 4), le général Valéri Manilov, chef adjoint de l'état-major militaire, déniant les 100 morts côté russe, parle d'une «désinformation» venant s'ajouter à d'autres «mensonges», par exemple «ces colonnes de réfugiés qui auraient été l'objet de tirs». Même discours à la même heure au ministère de la Défense où le ministre Igor Sergueïev parle de «provocation». Pourtant, moins d'une demi-heure plus tard l'agence d'informations militaires AVN citant des sources au commandement russe reconnaissait les faits: une quinzaine de blindés sont entrés dans Grozny pour tester les capacités de défense et les ayant mesurées, se sont retirés pour procéder à des bombardements, laissant derrière eux sept blindés et une cinquantaine de cadavres (les Tchétchènes affirment de 300 à 350). L'embuscade la plus meurt