La «vitrine» de la France en Afrique a volé en éclats. Le pays où
vivent encore quelque 20 000 expatriés français, où un stock d'investissements directs de l'ordre de 3 milliards de francs est en jeu et, surtout, la nation qui représentait l'espoir d'incarner «l'Afrique émergente» dans la zone francophone du continent, est partie à vau-l'eau sans que Paris ne réagisse vraiment. A l'Elysée, on est trop empêtré dans le passé, trop lié au successeur d'Houphouët-Boigny pour le critiquer. A Matignon et au Quai d'Orsay, au contraire, on a déjà pris tellement de distance par rapport à l'Afrique qu'on manque de relais pour traduire en actes les rites d'impuissance que sont les déclarations de «vive inquiétude» ou de «profonde préoccupation». D'ailleurs, cohabitation oblige, les admonestations adressées au président Henri Konan Bédié ont été bien tardives. Elles ne sont intervenues qu'à la suite d'une critique ouverte prononcée cet été par les Américains.
Démocratie douteuse. Pourtant, il y avait à dire. Achevant le mandat après la mort de Félix Houphouët-Boigny, en décembre 1993, le président Bédié s'entoure d'un gouvernement pléthorique, et davantage encore de conseillers au train de vie ministériel. Comme on dit dans le français d'Abidjan: il «s'assoit». Il ne laisse pas un strapontin à l'opposition qui, deux ans plus tard, boycotte «activement» son élection-plébiscite, l'un des challengers, l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara, ayant de toute façon été écarté comme étant inéligi