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Libération
Analyse

Un pays victime de l'indifférence.

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Le désintérêt pour les démocraties en Afrique a conduit au chaos à Abidjan.
publié le 25 décembre 1999 à 2h19
(mis à jour le 25 décembre 1999 à 2h19)

Après quarante-huit heures d'un coup d'Etat rampant, de revendications corporatistes à la prise des points stratégiques d'Abidjan en passant par des «courses» à la kalachnikov et le pronunciamiento sur" Radio Nostalgie par un ancien chef d'état-major écarté il y a quatre ans, le sort du président Bédié dépend à présent du général Tanny, le commandant de la gendarmerie ivoirienne. Celle-ci, dans un pays sans tradition militaire, est numériquement plus importante ­ 4 400 hommes ­ que l'armée de terre, qui ne compte que 3 500 soldats, dont tous ne sympathisent pas avec les mutins. Mais qui est prêt à se battre pour la défense du régime? On retombe sur le général Tanny, patron du «Conseil supérieur de la sécurité» et pilier de l'establishment akan, le groupe ethnique à la fois du président actuel et de Félix Houphouët-Boigny, le «père de l'indépendance».

Pour un pays aussi «civil» et attaché à la paix que la Côte-d'Ivoire, les événements actuels sont affligeants. Qui aurait imaginé des soldats en maraude, tirant des rafales en l'air, dans le décor ultramoderne du Plateau, le centre des affaires d'Abidjan? Près de la Bourse, la plus importante d'Afrique francophone, au milieu des sièges de tant d'organismes d'intégration régionale, d'organisations internationales" Jusqu'en 1990, il n'y avait ni barrières ni soldats aux abords de la présidence. Six ans d'exercice du pouvoir par Henri Konan Bédié ne sont pas seuls en cause. A force de laminer le pouvoir d'achat tout en maintenant le