Menu
Libération
Éditorial

Intempéries d'Etat

Article réservé aux abonnés
publié le 27 décembre 1999 à 2h17

Les ministres concernés par les dégâts de l'ouragan de Noël ­

Jean-Pierre Chevènement et Jean Claude Gayssot, notamment ­ très discrets pour ne pas dire invisibles et inaudibles jusqu'à ce jour, auraient intérêt à entendre la leçon: les catastrophes naturelles ne font pas toujours que d'innocentes victimes. Elles peuvent aussi frapper durement et durablement des responsables politiques ou même des patrons quand, à tort ou à raison, ceux-ci donnent l'impression au commun des mortels de ne pas assumer leurs responsabilités, de «n'être pas à la hauteur». Dominique Voynet vient d'en faire l'amère expérience: en s'obstinant à maintenir un voyage programmé depuis longtemps à La Réunion, en s'entêtant à prolonger son séjour pour prendre quelques jours de vacances, la ministre de l'Environnement a commis une erreur politique. Et elle ne fait qu'aggraver son cas en se livrant à un douteux exercice en chicanerie: oui sans doute à la protection des coraux du Pacifique et à l'amélioration du sort des pêcheurs de Mayotte et de Polynésie. Mais aujourd'hui, il se trouve que ce sont les pêcheurs et les habitants de Bretagne et de Vendée qui vont faire les frais de l'esprit mercantile, pour ne pas dire de lucre, de Total. Une société dirigée par un Thierry Desmarest qui, lui non plus, n'a pas été à la hauteur d'une entreprise un tant soit peu «citoyenne», songeant surtout à se réfugier derrière ses assureurs et son armateur. Le groupe était autrement plus disert, il y a quatre mois, lorsqu'