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Libération
Éditorial

Les politiques en retrait

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publié le 30 décembre 1999 à 2h15

Confrontée à ces catastrophes en série, la société française donne

une image plutôt rassurante d'elle-même. Celle d'un pays qui sait encore correctement balancer son économie entre services publics et entreprises privées, et qui sait faire preuve de solidarité et de générosité. Entre le contrôleur de la SNCF parti, en pleine nuit, chercher de la nourriture pour trois cents personnes coincées dans un train, le «lignard» d'EDF qui va spontanément travailler jour et nuit pour qu'un maximum de clients ne passent pas leur réveillon à la bougie, entre les agents de la sécurité civile, les personnels communaux et les bénévoles qui s'épuisent à ramasser une marée noire tenace, les Français montrent qu'ils savent se mobiliser. Mieux que les politiques, en tout cas: les insuffisances ­ initiales ­ de Dominique Voynet ont contribué à faire de Philippe de Villiers le premier écologiste de France. Du coup, par peur d'être en reste, Jean-Claude Gayssot en a fait des tonnes sur le mode catastrophiste; tandis que les vacances d'hiver rendaient inaudibles les déclarations des socialistes les plus éminents. Ces derniers jours, le politique était en retrait de la société.

Reste le cas TotalFina. On ne comprend plus ce qui se passe dans le groupe pétrolier pourtant conseillé par une armée de communicants. Après avoir opposé une froideur de technicien à l'émotion, un juridisme implacable aux images de détresse, le PDG de la firme persiste dans une communication pour le moins décalée en affirmant q