Dans l'épreuve que traverse Electricité de France, son statut
hybride d'entreprise publique progressivement soumise à la concurrence est son pire handicap. Si elle était privée, EDF n'aurait pas seulement été touchée dans son infrastructure. Son cours en Bourse aurait été massacré, ses plans de financements futurs compromis et elle aurait peut-être dû se vendre au moins partiellement. Le statut d'EDF, plus grand électricien au monde (toutes catégories confondues) et entreprise nationale, la met à l'abri de ce genre d'inconvénients. En même temps, c'est parce qu'elle est une entreprise publique à la française que la tempête est ruineuse. Dans la même situation, tout électricien privé ferait jouer la classique mutualisation des risques en se tournant vers ses assureurs, avant d'augmenter ses tarifs autant que de besoin, les zones ayant le plus souffert étant les plus mises à contribution, le tout avec un lointain souci concernant l'environnement et l'esthétique.
EDF est aux antipodes de ce schéma. Elle est même à la convergence d'exigences contradictoires de plus en plus difficiles à gérer. Comme l'armée, l'entreprise publique est en effet son propre assureur. Les lignes s'envolent, elle paie la casse. L'Etat, d'autre part, lui impose de facturer son kilowatt/heure partout au même prix. Chez les Bretons qui n'ont jamais voulu d'une centrale nucléaire comme chez les Savoyards qui vivent près d'un barrage. L'autre contrainte est sociale: navire amiral du service public, EDF doit p