Dans la Creuse, le thème des conversations du réveillon 2000 s'est
imposé de lui-même: est-ce plus facile de se passer d'eau, de téléphone ou d'électricité? Tout le sud du département, zone rurale très boisée, est plongé dans le noir depuis le 28 décembre, et la situation ne va pas s'arranger avant deux à trois semaines. D'une réunion de cellule de crise à l'autre, la direction d'EDF et la préfecture ont retardé l'annonce de la mauvaise nouvelle. Mais vendredi matin, il a bien fallu s'y résigner. «Dites bien dans vos communiqués que cent générateurs convergent vers le département et que nous allons créer des centres de vie dans les bourgs», insistent les responsables du centre EDF de Guéret. Au téléphone, il faut calmer des clients parfois hargneux qui menacent d'aller eux-mêmes s'occuper des transformateurs. «Il faut envoyer les gendarmes dans ce cas-là, car on risque des accidents, l'électrocution des agents qui travaillent sur les lignes», s'alarme-t-on au PC de crise.
Tronçonneuse. «Si le téléphone ne revient pas, on est foutu, on ne peut même pas appeler le médecin en cas de besoin», s'inquiète Henri, agriculteur retraité de La Pouge, qui a passé les dernières heures à manier la tronçonneuse avec son fils, pour déblayer la route et ne plus être totalement isolé du monde. Sa voisine Josiane est complètement déprimée. «Je m'occupe de deux personnes âgées, ma mère et ma tante. Le linge sale s'accumule et je suis obligée d'aller à la laverie jusqu'à Aubusson», explique-t-ell