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Libération

Dans les Vosges, une économie dévastée. L'exploitation forestière était la principale ressource du village de Saales.

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publié le 4 janvier 2000 à 22h10

Saales (Bas-Rhin), envoyée spéciale.

Sur la crête, de rares sapins n'offrent au regard qu'une cime déplumée, à l'image de ces cocotiers chétifs qu'on s'escrime à faire pousser sous les climats tempérés. La montagne est nue, privée de ces résineux en rangs serrés qui, il y a quelques jours encore, interdisaient l'entrée du soleil dans la forêt. Depuis le 26 décembre, des milliers d'arbres centenaires gisent à terre. Le vent les a déracinés, déchiquetés, tordus, enchevêtrés. Sur des centaines de mètres, seuls des moignons aux blessures encore vives évoquent l'ancienne grandeur de cette forêt du fond d'une vallée vosgienne. Au sol, les troncs et les branchages sont recouverts de la neige tombée depuis. Aucun véhicule ne peut y pénétrer, les gardes forestiers mettent des heures à parcourir, à pied, des chemins pourtant familiers.

Quinze ans de travail anéantis. A Saales, la toiture de l'hôtel-restaurant a été emportée, l'éclairage public s'est effondré, six de la trentaine de vaches de l'unique laiterie ne donnent plus de lait, mais, surtout, le village a perdu sa forêt. Près de quinze années d'exploitation ont été anéanties en une matinée. Habituellement, la commune vend 3 500 m3 de bois par an. Selon les premières estimations du maire (sans étiquette) Jean Vogel, c'est l'équivalent de 30 000 à 50 000 m3 de poutres de noble bois de sapin noir, de 110 à 140 ans d'âge ­ «le plus beau et le plus cher», souligne l'élu ­, que la tempête a renversés. Or la forêt constitue la principal