Menu
Libération
Éditorial

Victimes muettes.

Article réservé aux abonnés
publié le 4 janvier 2000 à 22h10

Les oiseaux goudronnés bénéficient de la mobilisation des militants

de la cause animale, les arbres foudroyés sont les grandes victimes muettes du moment. L'actuel président de la République, à la différence de son prédécesseur, étant plus enclin à flatter le cul des vaches qu'à caresser le tronc des chênes, l'exemple ne vient pas de haut. Au demeurant, il était plus conforme à une certaine idée que l'on se fait de la civilisation que l'attention des personnalités de l'Etat soit réservée en priorité aux hommes qui ont souffert, parfois cruellement, des conséquences des intempéries, a fortiori quand c'est l'irresponsabilité d'autres hommes qui souillait leurs rivages de nappes de pétrole. Et pourtant, s'il restera une trace durablement visible des tempêtes exceptionnelles qui ont écrasé le pays, ce sont les forêts qui les porteront. Les maisons seront restaurées, les poteaux électriques redressés, et l'on sait qu'avec la persévérance des hommes, on peut finir par faire disparaître les traces d'une marée noire, il faudra toujours un siècle pour remplacer un arbre centenaire. A l'échelle de l'histoire des forêts, ce n'est qu'une péripétie. Tous les cataclysmes possibles et imaginables n'ont jamais empêché le bois de repousser, sauf désastre nucléaire ou chimique, mais c'est une autre affaire.

Les experts s'accordent, globalement, à ne pas considérer la dévastation naturelle qui vient de toucher nos bois comme un dommage irréparable. D'aucuns y voient même l'occasion d'un utile