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Libération
Éditorial

Front uni.

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publié le 5 janvier 2000 à 22h09

L'actualité est sujette à des paradoxes cruels. La marée noire et

les tempêtes auront été, pour les responsables de l'exécutif, les divines surprises de la fin du siècle. Il n'y a aucun cynisme dans ce constat. Pour les victimes, et elles sont nombreuses, il s'agit bien d'une tragédie, et personne ne saurait s'en réjouir. Mais comment ne pas voir que ces deux catastrophes, l'une d'origine humaine, l'autre plus naturelle ­ encore que ­, sont pour notre Etat-nation, qui va de crise en crise, une opportunité commode de prouver ses vertus et de s'affirmer positivement.

Cette opportunité n'a échappé ni au chef de l'Etat ni au Premier ministre. Ils se sont tous les deux précipités pour nous offrir, en ce début d'année, un front uni inattendu pour la défense et l'illustration de l'Etat-nation et de son utilité. Leurs voeux sont d'ailleurs à ce point convergents que personne, sauf au microscope, ne saurait réussir le partage entre ce qui est la propriété intellectuelle de l'un et ce qui appartient à l'autre. Les nuances existent, mais tous deux ont mis en avant un Etat protecteur, organisateur de la solidarité et source de réglementation. Il y a une telle insistance dans les propos de nos deux pilotes qu'il faut croire que cela n'allait pas de soi, et que l'Etat ne doit pas être, dans ces fonctions-là, au mieux de sa forme. Fêter le nouveau millénaire au son du «retour de l'Etat» peut sembler une étrangeté. Elle n'est qu'apparente. Jacques Chirac est toujours un bon indicateur. Ce