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Libération

L'Etat au chevet de la Sécu et du dialogue social. Le Medef, syndicat patronal, va quitter l'institution et Martine Aubry en récupèrera la gestion.

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publié le 5 janvier 2000 à 22h09

Pour les tenants du moins d'Etat, le 18 janvier devrait être un jour

de deuil. Ce jour-là, le Medef (syndicat patronal) devrait annoncer son départ des conseils d'administration de la Sécurité sociale: famille, maladie, retraite, les trois caisses qui disposent d'un budget supérieur à celui de l'Etat seront donc gérées directement par le ministère de la Solidarité et de l'Emploi, condamné à prendre les rênes des services publics aussi essentiels à la vie de la nation. Ce changement de main sera durable, car il y a peu de chances que le patronat revienne sur sa décision. Bien sûr, la «gestion paritaire» (entre salariés et employeurs) n'était plus qu'une illusion depuis longtemps. La dernière étape de la mise sous tutelle de la Sécurité sociale fut les ordonnances Juppé de 1996 qui enjoignent au Parlement d'adopter chaque année les recettes et les dépenses des organismes de protection sociale. Symboliquement privés du droit de gérer leur budget, les «partenaires sociaux» avaient alors perdu toute légitimité à administrer les caisses.

Medef gagnant. En abandonnant la Sécu à l'Etat, le Medef pourrait se révéler le vrai gagnant de la manoeuvre. Depuis sa «renaissance» en septembre 1998, le patronat ne rêve que d'indépendance vis-à-vis de l'Etat. C'est la ligne appliquée avec constance par la direction du Medef, sous l'impulsion d'Ernest-Antoine Seillière et de Denis Kessler qui cherchent à couper les liens de l'ex-CNPF avec la sphère publique, notamment dans les institutions social