D'une marée noire peut-il jaillir de nouvelles clartés? Moins d'un
mois après le naufrage du pétrolier Erika, et si on veut bien oublier les images de volatiles dégoulinant de mazout qui squattent encore les écrans télé, il est non seulement légitime de poser la question mais possible de lui apporter un début de réponse positive. Il faut en effet noter une évolution positive sur deux points essentiels.
D'une part, après avoir traîné les pieds et s'être réfugié derrière le légalisme assurantiel, TotalFina a admis dans les faits une obligation de compensation due à la société. En assumant des responsabilités qui ne découlent pas stricto sensu de la législation en vigueur, la compagnie pétrolière crée une sorte de jurisprudence sauvage dont on peut penser qu'elle s'imposera peu à peu à l'avenir à elle-même et à ses concurrents et dont on ne peut que se réjouir. Les conditions précises de ce dépassement de l'obligation d'assurance (et de la mutualisation du risque, qui en est le fondement) sont extrêmement complexes à imaginer. L'état de l'opinion et des contraintes politiques l'impose néanmoins.
D'autre part, l'ensemble de la profession pétrolière est sommé de revoir ses conditions d'affrètement. Le PDG de TotalFina a dû répondre à cette exigence en prenant les devants d'une réunion technique du gotha de l'or noir consacrée à ce problème. Le laxisme que permettent les pavillons de complaisance (et dont les risques de naufrage ne forment qu'une petite part) doit et peut êt